Média et politique, quelle indépendance ?

20 février 2007

Une des techniques en politique pour déstabiliser son adversaire ou rehausser une image écornée et de s’en prendre aux médias. Il alors de bon ton de mettre en avant le manque d’intégrité professionnel des journalistes. On dénonce, la gorge prise par l’émotion, leur propension à retenir de l’actualité ce qui est truculent au lieu de s’occuper du contenu ! Facilement, on accuse son adversaire d’avoir à sa botte la presse et que le réel qu’elle présente n’est que la fabrication d’esprits spéculatifs à la mauvaise foi avérée.

Ces pratiques sont connues et nauséabondes. Toutefois, doit-on pour autant perdre son sens critique ? Ne peut-on pas s’interroger sur l’intégrité et l’indépendance des médias actuels ? Les médias français traitent-ils de la même manière tous les candidats à la présidentielle ? En particulier, les avis ne sont-ils pas édulcorés envers Nicolas Sarkozy, alors que les faiblesses de sa rivale socialiste sont passées en revue longuement et en détails ?

Quels sont les éléments qui peuvent nous orienter vers cela ? Certaines mauvaises langues nous dirons que la presse est tenue par la droite. TF1 par exemple, avec son journal le plus regardé par les français a une direction ouvertement contre la gauche et les services publics. M. J.P. Pernaut, par exemple, n’a pas peur d’exprimer au cours du journal son mépris de la proposition de Mme Royal sur le financement de l’éducation nationale, en mettant aussitôt en avant le travail de N. Sarkozy en voyage à la réunion à ce moment là ! De même, nombre de journalistes de France 2 ont des relations sentimentales intimes avec des ministres du gouvernement actuels. Toutefois, tout cela n’est sûrement que coïncidence et l’on ne peut pas mettre en cause l’impartialité dans le traitement de l’information du fait de leur professionnalisme des personnes concernées ! C’est une question d’éthique et d’intégrité intellectuelle !

Quoi qu’il en soit, il reste cette sourde impression d’un traitement inégalitaire. Prenons l’exemple du financement des projets- programmes présidentiels ! Malgré la réussite du meeting de Villepinte, une vague continue pendant 3 jours a déferlé sur les écrans pour souligner l’absence de propositions fiscales pour financer l’ensemble. Critique sûrement justifiable d’autant plus que la direction du PS a donné du grain à moudre ! En revanche, qui a parlé de la fronde de l’UMP contre les promesses économiques et fiscales de N. Sarkozy du fait de leur irréalisme économique. Où est le défilé de personnalités généreusement filmées rigolant goguenard de ce rabotage des propres soutiens du ministre- candidat. Pourtant, le PS s’est exprimé dessus. Certes, notre référence intellectuelle, le monde, en parle, et à la une de surcroît. Mais où est la caricature si cinglante de notre ami Plantu plus la photo bien visuelle (cf : le monde du vendredi 16 février 2007 et du samedi 17 février) arrêtant le regard du lecteur sur le fameux article !

Hasard, me répondrez vous, un de plus me dira le reste. Quoi qu’il en soit, même si le débat politique est dur, sans pitié, mettant en relief le moindre écart, s’engouffrant dans la moindre brèche, nous pouvons sévèrement s’interroger sur cette concomitance et les mécanismes de notre démocratie. Au temps où la communication est reine. A l’époque où les moindres fonctionnements de la psychologie des foules sont connus, il est encore plus nécessaire de surveiller nos fonctionnements. Le désir d’un candidat peut naître de la communauté de sentiments que l’on a avec ses idées, son programme et la capacité à l’incarner ; mais ce sentiment peut aussi être le fruit de manipulations qui nous ramène à des époques que l’Europe ne veut plus connaître !